Pluie [nouvelle]

Nouveau texte, court. Je ne sais pas trop quoi en penser mais j'avoue qu'il me tient assez à cœur. Diverses interprétations possibles, je vous livrerais la mienne si vous le désirez.

La pluie coule sur la vitre. Tu ne la regardes pas, pas plus que tu ne prêtes attention à son petit bruit agaçant, là, sur les tuiles du toit. Le silence est ton monde. Ta bulle. Certes un peu oppressant au début, mais on s’habitue à tout. Toi, tu t’es habitué à la pluie, à la solitude et au silence. Tu t’habitueras encore à bien des choses, comme le froid et l’étrange douleur qui part du ventre et remonte jusque dans la poitrine pour mieux te la serrer dans un étau. La peur, il te semble que c’est le nom de ce mal. Il ne te restera pas longtemps inconnu, mais qu’importe ? Tu t’immerges de silence et tu fermes les yeux pour échapper à la lumière trop crue de la pièce. Un rideau orangé tombe derrière tes paupières. Tu as l’habitude, tu le connais bien. Et tu sais pourquoi il est là, aussi : c’est parce que la lumière est constamment présente. Jamais le noir n’occupe ta chambre exiguë. Jamais l’ombre ne murmure à ton oreille. C’est mieux comme ça. Mais tout de même, tu aimerais pouvoir t’échapper de ton désert brûlant, parfois, pour connaître une sombre fraîcheur. Tu clignes des paupières en y pensant. L’ampoule a laissé son empreinte gravée dans ta rétine.
La pluie martèle la fenêtre. Tu l’ignores, de même que tu as toujours ignoré les nuages, le ciel ou les étoiles. Et aussi l’herbe de la lande, la couleur de la neige, l’éclat du soleil… Tu ne regardes jamais dehors. Ça ne t’intéresse pas, et puis tu es sûr que ce serait trop sale, que tu ne verrais rien. Tant mieux, tu n’aimes pas l’idée de découvrir, d’agrandir ton univers, de repousser ton horizon. Il y a une juste une chose que tu aimerais mieux connaître, mais c’est un secret. Tu ne l’as pas dit à ta bulle de silence, ni même à toi. Au fond, tu ne veux pas te l’avouer, sans doute pour une raison oubliée depuis longtemps. Il y a beaucoup de raisons que tu inventes et de prétextes que tu fixes. Beaucoup de choses que tu oublies. Mais ce secret, ce désir, tu es sûr de t’en souvenir. La preuve, c’est que même quand tu essayes de le refouler, il revient. Et malgré toi, tu te prends à le murmurer dans ta tête, en pensée, tout bas.
La pluie glisse sur le verre. Tu ne sais pas si elle est froide, chaude ou tiède, et tu t’en fiches. Tu penses à ce secret que tu ne veux pas t’avouer et qui ondule derrière le rideau orange. Tu penses aux fleurs. Les fleurs, dans ton esprit, ce n’est qu’un mot un peu confus dont tu as oublié le sens. Tu pourrais peut-être en voir par la fenêtre, mais tu ne sais pas, tu hésites, et tu n’as pas envie. Les fleurs, si tu aimes ça, c’est parce que ça t’évoque une odeur. Un arôme. Une effluve. Un parfum. C’est fugitif, dur à saisir et très délicat. Agréable, aussi. Tu ressens une espèce de grande douceur en toi quand tu retrouves cette odeur. C’est étrange, un peu comme si tu plongeais dans du coton, un peu comme si tu meublais ton silence, qu’il était serein au lieu d’être froid. Ça te fait bizarre à l’intérieur, également. Tu te sens détendu. Et tu aimes ça, tu tolères ce chamboulement-là, même si tu tiens à tes petites habitudes. Fleurs… Quelque chose se passe sur ton visage, les coins de ta bouche frémissent, se relèvent un tout petit peu. On appelle ça un sourire.
La pluie roule sur les carreaux. Tu te sens te liquéfier, tout comme elle. C’est une sensation étrange et sa nouveauté te surprend. Alors tu rouvres les yeux, du moins tu essayes. Tes paupières paraissent scellées à tes pupilles. Cela t’énerve. Tu essayes de penser aux fleurs qui te font sourire, leur parfum te paraît lointain, inaccessible. Ton silence se fissure peu à peu, se teinte de chuchotis. Ils te dérangent et tu n’arrives pas à les interpréter. On dirait des courants d’air qui t’effleurent, mais ils sont aussi fugaces que l’odeur des fleurs. Peu à peu, le rideau orange sur tes orbites s’assombrit, vire au rouge sombre, puis au brun foncé, au gris, au noir. Ça y est, tu ressens cette douleur bizarre nichée dans ton ventre, elle remonte dans ton thorax avec des picotements désagréables et une légère nausée. Ton monde se brise, part en lambeaux, en morceaux qui se détachent les uns des autres pour s’envoler au vent. Tu as froid et ne comprend pas ce qui t’arrive. Quelque chose touche ta joue, humide. La pluie ? Ou bien cette eau mystérieuse dont tu as oublié le nom ? La douleur s’en va et le silence revient, mais il te paraît différent. C’est comme les fleurs. Leur parfum est changé. Si tu t’en souvenais, tu saurais que c’est celui de chrysanthèmes… Mais voilà, tu as oublié, tout oublié. Et toi qui voulait connaître la fraîcheur sombre, tu rencontres l’obscurité glacée. Pourquoi ? Parce que, souffle une voix en toi. Parce que…

Au fond de toi, tu es déjà mort, et la pluie tombe.

J'aime bien, c'est léger et discret. Quelques petits défauts par contre, notamment le fait que je metrais plutôt "dans ta rétine" et le "en règle général" casse le rythme très spécial de ton texte, si bien qu'on le remarque tout de suite. Mis-à-part ça, je ne voit rien d'autre à dire. Ton texte m'intrigue, je veux bien ton interprétation, s'il te plaît.

De rien Loli !
Je ne le voyais pas vraiment comme ça, même si mon interprétation à moi est très floue.

Oui, je comprend.

Franchement je le trouve très bien comme ça ^^ Ce n'est pas du grand art certes mais il est sympathique à lire ^^ Le flou, ne rien voir, ne rien savoir... j'aime ça. Donc si tu essayais de nous éclairer ce texte ne me plairait plus =D En fait il faudrait peut être juste que tu le rallonges pour qu'on puisse vraiment se mettre dans l'ambiance

Je suis d'accord avec Herbou, ce ne serait pas plus mal de la ralonger, je ne vais pas répéter pourquoi, c'est inutile, mais je comprend qu'il soit difficile de préserver l'ambiance trop longtemps !

Oh oui je sais ce que ça fait ! Tu as besoin de te vider la tête, les mots coulent tout seul et quand tu te relis tu dis : " Waw c'est moi qui est écrit ça ? "

J'avais pensé à quelqu'un qui était plongé dans le coma... Mais l'incertitude est parfaitement conservée, bravo pour cette impression indéfinissable que tu arrives à rendre. J'avais aussi pensé que c'était une fille, je ne sais pas pourquoi. J'ai des inspirations bizarres parfois. ^^

Pour faire simple, j'ai vraiment aimé, même si moi et les fins ouvertes, ça fait deux...

Je pense qu'elle veut dire qu'on a plusieurs choix ou interprétation pour une seule fin =D