Mon dernier texte... Bon, il est brouillon celui ci et ne me satisfait pas. Rien à voir avec
Pour un sourire..., ni le thème, ni le type d'écriture. Je ne l'ai pas retravaillé, et c'est certainement bourré de défauts. Et bien plus court... ^^
Un voyage en hiver
Il fait froid. Ce genre de froid mordant, un matin d'hiver. Ma peau est glacée sous mon pull, malgré le lourd manteau qui le recouvre, malgré la chaleur que j'essaie de garder en marchant, en courant parfois, sur le quai de la gare. Je suis seul, je suis en avance ; mais ce train est l'unique qui passe dans la journée, dans ce sens, dans cette petite gare, perdue dans la campagne. Je ne peux donc pas me permettre de le rater.
Les minutes s'écoulent lentement, inexorablement. Et puis, au loin, on voit une lumière, qui perce le brouillard. Mon train entre en gare. Il s'arrête, provoquant cette bise insupportable qui brûle le visage, et rougit joues et oreilles. Mais finalement, je peux monter à l'intérieur, plus chaud, bien plus chaud, au point que mes oreilles chauffent au point de me faire mal, ou presque.
Je m'installe, à ma place, au milieu de toutes ces personnes, voyageurs d'une journée, étudiants, écoliers qui partent poursuivre leur éducation. Chacun a une occupation, livre, ordinateur, révisions de cours... Mais ce n'est pas mon cas. Alors que le trajet reprend, je me contente d'observer le paysage défiler par la fenêtre, sous mon regard fasciné.
J'ignore si tout le monde arrive à ressentir ce que moi-même ressent lorsqu'on monte dans un train, ou une voiture.
C'est comme entrer dans une boite, dont on tourne la clef pour libérer le monde extérieur et le laisser vivre à son tour*. Comme si restions enfin immobiles et que c'était au tour du paysage de pouvoir enfin se mouvoir. Cette simple idée a transformé mes voyages auparavant ennuyeux, et maintenant, rien qu'observer le trajet par la fenêtre éveille en moi une fascination d'enfant emerveillé.
Des arbres défilent le long des rails, se livrant un ballet devant les maisons, le soleil délivre ses couleurs chatoyantes sur les ciels et brille entre les nuages, l'eau d'une rivière ondule lentement, et reflète mille et une choses avec magnificence. Cette beauté libre de la nature est autrement plus agréable que celles artificielles que l'homme tente de reproduire.
Le train s'arrête à nouveau, dans une autre gare. Quelques personnes montent, et mon regard est tout naturellement attiré par elles. Une, deux, ils sont trois nouveaux passagers. L'un d'eux s'installent sur le siège en face de moi, de l'autre côté de l'allée. Nos yeux se croisent un bref instant, et, sans comprendre immédiatement, je sens mon coeur bondir et mes reins chauffer légèrement. Une sensation particulière, difficile à décrire, ce désir né d'un regard, cette contemplation silencieuse.
Il est terriblement séduisant. Le cheveu noir, court, les yeux tout aussi sombres, le corps entretenu dissimulé derrière un par-dessus obscur. Les jambes croisées avec nonchalance. Je ne parviens plus à focaliser mon attention sur le paysage qui défile avec grâce à l'extérieur. Je n'ai plus d'yeux que pour lui.
Et c'est à un agréable jeu de regards que nous nous livrons. Ou bien est-ce mon imagination qui m'en donne l'impression? Qu'importe, ces instants me transportent dans une joie sans précédent, et le caractère éphémère de cette activité ne fait qu'en renforcer le charme.
Je le regarde, il m'oserve. Instants après instants, nos regards se croisent à nouveau de temps à autres, il change de position, appuie sa joue sur sa main, je bouge à mon tour, tentant de me tenir plus droit et avec moins de relâchement.
J'ose, finalement, lui sourire. Je pense qu'il ne le voit pas, mais pourtant, je le vois sourire à son tour. Ah ! Il a usé d'une autre technique et me regarde au travers du reflet de la vitre ! Entièrement pris au jeu, je n'oublie néanmoins pas le désir que je ressens, cette attirance qui me donnerait l'envie de le connaître.
Une annonce du contrôleur du train nous prévient de l'entrée en gare du train à ma destination. Fin du jeu. Je dois partir. C'est pourtant avec une lenteur toute naturelle que je me lève, et envisage de quitter le train, presque à reculons. Je récupère mes affaires et passe dans l'allée. Nous sommes tout proches, l'espace d'une seconde qui pourtant s'étire comme si elle devenait éternité. Nos mains se frôlent, et je reprends ma route, pour descendre du train.
Mes pieds touchent le sol, j'ai l'impression d'être dans un rêve. Je reste un instant sur le quai, cherchant des yeux la fenêtre par laquelle je pourrai le voir. Le train démarre et commence à avancer, lentement. Les vitres défilent, comme le paysage tout à l'heure – ça me semble désormais si loin – et finalement, passe devant moi celle que j'attends. Il est appuyé à la fenêtre, le coude contre la vitre, la joue contre son poing. Nos regards se croisent une dernière fois, et nous échangeons un sourire. Avant qu'il ne disparaisse dans la nuit.
« Philippe ! »
Je me tourne doucement vers cette voix qui m'appelle et ait à peine le temps de la voir que ma femme se blottit dans mes bras. Elle sourit. Moi aussi, je suis heureux de la voir, enfin, après ces quelques jours de séparation. Je la serre dans mes bras, pour la protéger de la température peu clémente et me réchauffer moi-même. Il fait froid. Ce genre de froid mordant, un matin d'hiver.
*
Référence :
"Model T is a room with the lock inside --
a key is turned to free the world
for movement, so quick there is a film
to watch for anything missed."
A martian sends a postcard home, Craig Rane.
Traduction pour les non-bilingues : Le Model T (voiture, hein) est une salle avec le verrou à l'intérieur --
on tourne la clef pour permettre au monde
de se mouvoir, si vite, il y a un film
à voir si on rate quoi que ce soit.Traduction bancale, vite fait, vous m'excuserez.