Pour un sourire...

Beuh, bah... C'est une nouvelle, ma première publiée ici (et loin d'être ma première, avec tout ce que j'ai écris...). C'est sur un thème qui me tient à cœur et assez fort... En espérant que ça vous plaise
Ah, petite précision : les erreurs de style, et les répétitions qu'on trouve par endroit sont faites exprès, puisque, comme vous le verrez, c'est un enfant qui parle.


La fenêtre est ouverte. L'air caresse mon visage avec douceur. Une douceur tendre et grandissante, que je ressens avec plaisir. Il m'apporte l'odeur de l'extérieur, et, même si ça sent la pollution, j'arrive à déceler les senteurs douces des fleurs qu'on a mises à ma fenêtre. Et un peu partout dans ma chambre, qui a désormais des allures de boutiques de fleuristes. Mais j'aime bien. J'aime bien ces couleurs, ces...

Mes pieds se posent sur le sol. Je tremble un peu. J'ai froid, j'ai chaud, un peu tout en même temps. Et je refuse de fermer la fenêtre. J'aime bien, quand le vent fait ça. C'est mon ami, et je ne l'empêcherais de venir me voir pour rien au monde. C'est le seul ami qui vient encore me voir. Comme je ne vais plus à l'école, je ne vois plus mes copains. Et puis, eux, ils ne viennent pas me voir à la maison. Au début, je croyais que c'était parce qu'ils avaient peur de tomber malades, eux aussi. Mais le docteur a dit que je ne pouvais pas donner ma maladie aux autres gens. Alors, je leur ai dit ! Mais quand j'ai du rester à la maison, après que Maman m'ait dit que je ne devais plus sortir, personne n'est venu me voir. Mais je sais pourquoi, moi. C'est parce qu'ils ont peur de ma maladie. C'est parce que je fais peur.

Je me lève. Mes jambes tremblent toujours, et j'ai du mal à me tenir debout. J'essaie de ne pas faire de bruit, sinon Maman va me gronder d'être sortie de mon lit... Marchant sur la pointe des pieds, je me dirige doucement, en m'appuyant sur les murs pour ne pas tomber, vers la salle de bains. J'entends la voix de ma mère chanter, dans la cuisine. Ca sent bon. Je crois qu'elle fait des crèpes... Miam !
C'est dur, mais j'arrive à tourner la poignée pour entrer en silence dans la pièce. J'ai toujours un peu chaud et un peu froid. Il paraît que c'est la fièvre qui fait ça... Moi je ne sais pas, je veux bien croire ce qu'ils me disent... Je ferme la porte, toujours sans produire le moindre son, et me glisse devant le lavabo, en montant sur un petit tabouret – sinon je ne peux pas me voir.

Je sais d'ores et déjà l'image que je vais voir. Je sais que je suis moche. Pourtant, je ne peux m'empêcher d'être surprise par mon reflet. C'est pire que d'être moche. En cet instant, j'aimerais tant ressembler à cette fille que j'avais vu, à l'école ; elle était grosse, elle avait les cheveux bizarres, et tout le monde se moquait d'elle. Mais j'aimerais lui ressembler, aujourd'hui. Elle avait des cheveux. Elle pouvait sourire. Pas moi.
Ma main passe sur mon crâne chauve. Enfin, pas tout à fait. Il n'est pas vraiment chauve, plus... Hmm... En fait, avant, j'avais de très beaux cheveux, je les aimais vraiment beaucoup. Ils étaient très noirs, et tout doux... Et maintenant, je n'ai plus que ce qu'il appelle tous un duvet sur la tête. C'est toujours très doux. Maman dit que c'est comme des cheveux de bébé. Mais je ne veux pas avoir des cheveux de bébé. Je veux avoir mes cheveux. Mes beaux longs cheveux, comme avant...
J'ôte la main de ma tête et la pose sur le miroir. Je suis penchée en équilibre au-dessus du lavabo, ma main me retient. Comme ça, je suis plus proche du miroir et je peux mieux voir. Aujourd'hui, je vais y arriver. Je sais que je vais y arriver.

J'essaie de sourire. Tous les jours, je viens ici et j'essaie. Depuis un moment, je n'y arrive plus. Mais aujourd'hui, je vais y arriver. J'ai décidé que j'arriverais à sourire. Je regarde mes yeux, dans le miroir, et essaie. Un bout de mes lèvres se lèvent, mais pas l'autre, ce qui produit une grimace absolument hideuse, qui rend encore plus laide que d'habitude. J'essaie d'ouvrir un peu plus la bouche, pour montrer mes dents en souriant, comme dans les pubs... Sans succès. J'essaie. Encore et encore. J'essaie. J'essaie ! Mais... Ca ne marche pas. Je n'y arrive qu'en prenant mes mains et soulevant mes lèvres avec mes doigts. Mais ça reste moche. Et en plus, ça fait mal.

J'ai toujours mal à la tête. J'ai envie de la taper contre le miroir, cette tête horriblement moche, sans cheveux, sans sourire ! Pourquoi moi je peux pas? Pourquoi je peux pas sourire?
Une grimace plus horrible encore se forme sur mon visage alors que je commence à avoir envie de pleurer. Ce n'est pas juste. Ce n'est pas juste !! Je veux sourire... Je veux être belle... Je veux aller à l'école...

Les larmes roulent sur mes joues. Je les vois. Mes yeux sont rouges, à cause d'elle. Mais je ne sens leur humidité que sur le côté gauche de mon visage, là où je peux encore un peu sourire. Mais pas sur le côté droit. Ca fait mal. J'ai mal. Mes yeux me brûlent, et pleurer ne me fait pas du bien. Je suis pitoyable, moche et sans intérêt. Je mérite peut-être de mourir... Oui, je le mérite... C'est... Normal...

J'ai mal à la tête. La salle de bain tourne autour de moi. J'ai chaud. J'ai envie de m'allonger sur le sol, pour dormir, pour que la pièce arrête de bouger et de tourner. J'ai envie d'appeler Maman, pour qu'elle me câline, qu'elle me console. J'en ai tellement envie... Mais je n'arrive pas à le faire. Ou bien n'ai-je pas le temps? Je ne sais pas trop. Mon corps est tombé sans que je ne le contrôle. Je glisse du tabouret, et je tombe par terre, toujours avec cette envie de dormir, mais luttant tout de même contre mes yeux qui veulent absolument se fermer. Je ne me contrôle plus, je n'arrive plus à bouger mes bras. Je sens que je tombe. C'est tellement long, ce genre de moment.
Mon dos me fait mal, en tombant sur le sol. Ma tête aussi. J'entends un cri. Maman a du m'entendre... Mais je n'en peux plus. Je dois céder à ce sommeil... Je dois... Céder...



J'ai chaud. J'ai froid. J'ai mal à la tête. Il y a quelque chose dans ma main. Mon oeil gauche s'ouvre. Je dois lever la main pour ouvrir l'autre, mais j'ai la flemme, alors, je le laisse fermé. Le quelque chose, dans ma main, se serre. Maman. Elle est toute blanche, à côté de moi, sur le lit. Elle est belle ma maman. Elle est encore plus belle quand elle sourit. Mais là elle pleure – et elle est belle quand même.
J'entends une autre voix. Ooh ! C'est le Docteur Nathan ! Il est gentil, le Docteur Nathan. Je l'ai vu, à l'hôpital, chaque fois que j'y suis allée. Il m'avait rassuré et avait été très bien. Très sympa, le Docteur Nathan.

Il parle à Maman. Je ne sais pas ce qu'il lui dit. J'ai du mal à comprendre. Mais Maman pleure encore plus. Lui s'approche de moi et me sourit – j'essaie aussi de sourire, mais je sais que ce ne sera que mon horrible grimace qu'il verra – avant de poser sa main dans mon cou. Il est tout enflé. Je le sais. Ils avaient parlé d'un truc, les ganglions, je crois, qui avaient enflé. Selon eux, c'était normal, que ce soit comme ça. Je n'ai toujours pas compris pourquoi, puisque je vois personne à la maison qui est comme ça. Ca doit être parce que je suis malade. Si on est malade, alors c'est normal.

J'ai un goût bizarre dans la bouche. J'essaie de leur dire, mais déjà le docteur soulève ma lèvre pour regarder. Lorsqu'il enlève ses doigts, je les vois rouges, un peu, comme s'il y avait du sang. C'est ce goût là, que j'ai dans ma bouche? C'est bizarre...

« ... guérir... si... osseuse... »

La voix de monsieur Nathan me semble si loin... J'entends quelques mots, mais je n'arrive pas à comprendre. Maman pleure de plus belle. J'entends parler de quelque chose de pas compatible qu'elle articule entre deux sanglots. Pleure pas Maman... Pleure pas...
Elle me regarde et sourit. Elle me caresse le bras, là où j'ai une tache rouge foncé. J'en ai beaucoup, un peu partout sur la peau, mais elle caresse toujours celle là. Parce que c'est la plus petite.

J'ai encore envie de dormir. Je vais le dire à Maman, comme ça elle sera encore là quand je me réveillerai. Un son bizarre sort de ma gorge, et j'ai du mal à articuler, à cause de mes lèvres, que je n'arrive pas à bouger. Maman sourit, au travers de ses larmes, et m'embrasse sur le front. Je t'aime Maman, tu sais... Je vais juste dormir... Après on jouera toutes les deux. Et on ira voir le docteur qui fait tomber mes cheveux à l'hôpital. Tu verras Maman, faut pas pleurer... Tu verras, comme tout ira bien... Tout ira bien...
Je répète encore une fois que je vais dormir. Je précise que c'est juste un peu. Après on ira jouer. J'ai du mal à dire tout ça. Mais il faut que je le dise. Il faut que Maman le sache. Je veux juste dormir...
Mon oeil se ferme. Je t'aime Maman. J'ai mal au coeur. J'ai mal à la tête. Je n'arrive plus à sentir la main de Maman dans la mienne. Je t'aime Maman.



Le journal gît sur le bureau du Docteur Nathan. Il a été appelé pour une urgence médicale, et a laissé l'article qu'il lisait sur ses papiers, se précipitant au service qui recquiert ses services.
Rubrique nécrologie. Dans un coin, on voit un nom, entouré au stylo rouge.

Je suis sous le choc !!! Ta nouvelle est... est... magnifique ! Je ne sais même pas quoi dire ! Ta nouvelle est magnifiquement bien écrite et le sujet est... wouaow !
Désolée si mon commentaire n'est pas très constructif mais je ne vois pas quoi dire d'autre ! Chapeau !

Ce n'est pas une critique constructive, c'est vrai, mais les compliments font toujours plaisir ^^ Mercii, contente que ça te plaise !

Ta nouvelle est vraiment superbe, magnifique et si touchante...

désolée mais je ne peux pas ajouter quelque chose de plus qu'elles...
c'est superbe...

Nyaaa >///< merci pour tous ces compliments ^^

De rien ! Franchement, tu les mérites vraiment...

oui c'est sûr !

Ya pas trente six milles choses a dire, c'est juste, superbe.
C'est triste mais quand on sait qu'en plus c'est réel et que des enfants le vivent vraiment, et bein sa fait encore plus mal.



En tout cas - je pense qu'on ne te le dirais jamais assez-, c'est très beau.



Bisous

plumV a écrit:

C'est triste mais quand on sait qu'en plus c'est réel et que des enfants le vivent vraiment, et bein sa fait encore plus mal.

C'est vrai, et c'est pour ça que j'ai dit que c'était un sujet qui me tenait vraiment à coeur... Ceci dit, j'vais m'auto-critiquer, ou plutôt demander à de potentiels connaisseurs des critiques à ce sujet :
Je ne m'y connais pas trop en matière de leucémie, et j'ai fait des recherches pour connaître symptômes, etc... Mais c'est vrai qu'en fin de vie, je ne savais pas trop si tout ça était encore là, si la gamine pouvait encore se lever, etc, etc... Donc voilà, je pense que ça peut être bancal de ce point de vue.

Encore merci pour les compliments, ça fait vraiment chaud au coeur =D

Peut importe que tu connaisse bien la maladie et ses symptomes, c'est l'intention qui compte ! Et ta nouvelle est très touchante. Elle donne presque envie de pleurer...

Voilà, commes les autres, je suis désolée de ne pas avoir de remarques plus constructives à faire, mais je vais pas inventer des défauts, hein !

Eliawe a écrit:

Tout le long, moi, j'ai cru que c'était une anorexique. Ça marchait aussi, sauf peut-être pour la chaleur.

Hmmm je sais pas trop. L'anorexie ne provoque pas de paralysie faciale, il me semble... C'est à cause de ça que la petite n'arrive plus à sourire... Enfin, je ne l'avais pas vu sous ce point de vue. Je pensais que le côté cancer était assez évident, avec la perte des cheveux, mais pourquoi pas, c'est vrai que ça pourrait coller...

NightEyes a écrit:

Elle donne presque envie de pleurer...

J'avoue que c'était un peu mon attention, mais je trouve que je n'ai pas assez focaliser la nouvelle sur les sentiments pour ça... Je trouve.

Encore merci à tous pour vos compliments (je me répète !) mais ça fait vraiment plaisir

moi aussi je pensais à une anorexie jusqu'à la perte de cheveux

Vraiment magnifique...
Par contre, je trouve que la fin, avec le docteur nathan qui oublie le journal, brise un peu l'émotion. Ca aurait été mieux avec seulement l'annonce de la mort ( enfin, je trouve ^^").
Et, je crois que j'ai repéré une faute : Après que ma maman m'a , et pas m'ait.
Enfin je suis pas sûre ^^"

Lwo a écrit:

Et, je crois que j'ai repéré une faute : Après que ma maman m'a , et pas m'ait.

Je pense que les deux existent, en tout cas, je suis certaine de l'exactitude de la mienne : c'est du subjonctif, avec la formulation 'après que', donc avoir au subjonctif, ça donne 'ait'. Mais avec l'usage, c'est possible que ce genre de forme disparaisse...
Sinon, pour la fin, ta remarque n'est pas fausse, mais je ne trouvais pas d'autre moyen pour faire comprendre de quoi la petite était morte... Et le fait que le journal soit non pas oublié, mais laissé en plan sur la table, c'était dans l'idée que malgré la mort de certaines personnes, la vie continue pour d'autres et on ne peut pas arrêter cela...

Merci à toi du compliment aussi et de tes remarques ^^

La fin ne me choque pas, moi... Au contraire...

Après que est toujours suivit de l'indicatif, c'est une règle de grammaire.

En effet ^^ Après recherche, c'était l'inverse de ce que j'avais dit : la règle c'est plus indicatif, mais dans l'usage, à force, on utilise le subjonctif ^^ Désolée...

ouhhh, j'ai le chair de poule ...

superbe j'ai les larmes aux yeux c'est très rare, mon dieu qu'est-ce que c'est bien écrit ...

Eliawe a écrit:

L'anorexie provoque parfois des choses très étranges. Et le fait de ne plus arriver à sourire, au départ, j'avais mis ça sur le compte de la douleur (mentale) ^^

Je ne connais pas trop l'anorexie mais c'est vrai que, d'un point de vue mental, ça aurait pu coller, c'est vrai... J'avais vraiment pas pensé à ça, donc j'ai du mal à le voir, mais en regardant bien, le parallèle peut être saisissant.

clochette a écrit:

superbe j'ai les larmes aux yeux c'est très rare, mon dieu qu'est-ce que c'est bien écrit ...

Beuh... Encore une fois, merci ^^"... Je sais pas si j'arriverais à ré-écrire un texte qui aura à nouveau autant de succès...

Ba bravo, je suis en larmes!! C'est bien, ton texte est efficace (snif) lol. C'est bon, ton style, ta syntaxe, En tout cas tu n'avais pas forcément besoin de la faire mourir la fin, je pleurais déja avant.
Sinon pour l'anorexie, la perte des cheveux est un symptôme, mais ce n'est pas une perte totale, il n'y a pas non plus de paralysie. D'ailleurs l'anorexique ne se regarde pas dans le miroir, elle ne se trouve pas moche, elle ne se voit pas. Dans le cas contraire elle est en phase de guérison

Mais ce n'est pas le sujet ici, encore bravo!!

eija a écrit:

Ba bravo, je suis en larmes!! C'est bien, ton texte est efficace (snif) lol.

Objectif atteint chez au moins une personne ^^

Merci pour tes éclaircissements au sujet de l'anorexie. J'suis en plein dans des recherches dessus, en plus, j'vais peut-être écrire une nouvelle sur le sujet Juste un projet, j'aviserai ensuite ^^

Merci à tous en tout cas, encore une fois. Ca fait vraiment plaisir.

...

Et je suis censée dire quoi, là, moi? Hum? Quelqu'un peut me dire? Parce que là, je perds mes mots...
Non, mais, sérieusement, que dire? A part bravo, évidemment? A part le fait que c'est sublime? Fantastique? Hein? Moi je vois pas.