"J'ai peur."

Voilà. J'suis dans un état pas possible, je crains. je devrais réviser, ou dormir, ou consulter un psy. Mais j'écris ça. Et je poste. Ouai.

"J’ai peur."

Mes pensées m’agacent alors que je suis tranquillement les dictats de mon inconscience. J’égrène le temps avant l’échéance. Je veux pas échouer, je peux pas échouer. Plus le droit. De quoi j’ai réellement peur ? D’échouer bien sûr ! Ce qu’il y a derrière l’échec ? Tout le monde le sait non ? Une vie qui tombe dans le néant, qui s’arrête bordel. Un aller direct au pôle emploi, un job de caissière à Pluzunet dans la Bretagne profonde, néons blafards, quelques retraités édentés. Tu vois, pas le choix, faut que je réussisse, c’est comme ça ici… Avec ce concours, j’ai mon job trop classe qui va faire de moi quelqu’un de riche, payer mon loft à Manhattan avec vue sur Central Park, mes vacances à Hawaï, ma villa de vacances dans le sud de l’Espagne et toutes les autres conneries dont j’ai absolument besoin. Tu vois, c’est vital. Je fais comment si je ne l’ai pas ce concours? Tu comprends maintenant… La solution c’est pression à mort, pour mon bien. « Vraiment ? ». Ta gueule, tu vas nous faire perdre du temps, il va se barrer sans nous, ce con. Jai pas le droit, je peux plus me permettre d’attendre encore un an! « Ah ?» Shut up ! Bâtarde de conscience. « Est-ce que c’est grave si ce n’est pas cette année ? Si t’échoues, le monde s’arrête ? ». Foutues questions stupides. J’ai pas le temps pour ça, pas maintenant, plus tard, quand j’aurai tout ce qu’il faut. Quand il sera trop tard, que je serai sous prozac, que j’aurai fais mon infarctus et que mon compte en banque affichera une montagne de zéro après le 1. Ouai, j’angoisse. Je les entends douter de l’avenir, de leurs choix, de leur orientation, dès le bac à sable, dès la troisième. J’me shoot à la pression, j’injecte dans mes veines l’idée maîtresse, faut réussir, à tout prix, faut viser haut et juste. Phrases préfabriquées, rengaines incessantes, faut aiguiser ma peur. « Ascenseur social hors service ». M’en fou il reste les escaliers non ? Plus de peine, peu de chance d’arriver au sommet ? Ah ah, veulent nous décourager ces cons ! Mais, Vamos. Yes we can pas vrai ? Je suis prête à me tuer à la tâche, à sauter les marches et à pousser ceux qui montent à mes côtés pour me retrouver en tête. Putain faut à tout prix que j’arrive d’abord non ? On ne sait pas combien de place il y a au dernier étage ! Ce que je jubile d’en voir certain s’asseoir, épuisés, blasés, perdus. Et je bâillonne cette petite voix qui demande : « pourquoi tout ça ? Quel est le but de l’escalade ». J’en sais rien, je sais plus. On s’en fou non ? On verra ça là-haut ! Je veux un job cool, je veux avoir du fric plein les poches à la fin du mois pour pouvoir surconsommer. C’est ça qui est important. Faut garder l’objectif en tête. « Ce n’est peut-être pas ça la vie ? ». Ouai, nan mais je ne vais pas questionner le sens de la vie. Ça fou mal au crâne. Je peux pas me poser ce type de question. Imagine que je m’assoie sur une marche pour y réfléchir… Je perds la course ! Comment ça contre qui ? Mais j’en sais rien. Allez, vamos, et crevons-nous à l’effort.


On peut pas appeler ça nouvelle. c'est quoi d'ailleurs?

Oui, bravo ! Moi j'ai accroché dès le début, j'aime bien ce sujet et ta manière d'écrire là-dessus. Et puis j'ai vraiment eu l'impression de la voir monter, de la voir penser.
Par contre, je ne l'ai pas vue comme Loli, je crois, et je trouve que le côté peur est bien là. J'ai vu une fille qui a peur de ce qu'il y a derrière cette voie toute tracée, ce bonheur superficiel et artificiel, qui a tellement peur qu'elle fonce tête baissée en fermant les yeux pour ne pas voir qu'elle a tort, même si elle le sait très bien, au fond. Elle a peur d'être déçue par un idéal qui se révélerait faux et du coup elle s'y accroche de toute ses forces.
Je ne sais pas si j'exprime vraiment comment je l'ai vue, ni comment tu as voulu la montrer, mais je crois que c'est à peu près l'impression que ça m'a fait.

Merci pour vos commentaires.

Tu as raison. J'ai corrigé ce que tu as souligné.
Les premières phrases oui je comprends, c'est comme souvent, elles viennent pas naturellement, je me force à les écrire alors elles me parlent moins à moi aussi. Après ça suit plus facilement, même si ça reste sur le mode du défouloir.

Pour la peur, c'est d'une manière celle de cette jeune fille, morte de trouille, qui préfère fermer les yeux, et avec un peu plus de recul, la peur de cette façon de penser, de nier le monde du personnage. J'arrive pas à être clair moi non plus. En même temps y'a pas non plus de quoi à analyser dix mille ans ces quelques lignes.

'cor merci pour vos réactions.