De l'encre dans les veines Une plume au bout des doigts, un monde derrière la tête... |
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| Pitié, piteuse Pythie | |
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Mooney Star des Plumes
Nombre de messages : 2771 Age : 29 Localisation : En train de brûler du Musso devant l'Académie Française Loisirs : Me perdre avec Leïla, interpréter les rêves des gens, deviner les pensées des passants que je croise dans la rue... Catégorie (Ecrivain,Poète,Dessinateur,Photographe) : Ecrivain et Dessinateur Date d'inscription : 22/08/2007
| Sujet: Pitié, piteuse Pythie Jeu 27 Jan - 1:54 | |
| Pitié, piteuse Pythie Une ligne interminable parcourt en sillons le hangar ; des centaines de gens, des offrandes précieuses enserrés fermement dans leurs bras pour éviter qu’on ne les leur arrache ou cachés dans des sacs plastiques afin de ne pas être vus des voleurs, le regard perdu, avec des cernes qui creusent les yeux, aux silhouettes courbées, fléchies, tordues, silencieuses, sont déjà là. Des gamines de treize ans aux coudes percés de trous, des hommes qui transpirent l’alcool accompagnés de fils guère mieux, tous dénués d’espoir. Une quinzaine de mètres au dessus, depuis une passerelle de métal au dessus du spectacle, un sourire satisfait, Olaf regarde cette foule de damnés maudits. L’oracle ne sera consultable qu’à partir de demain, et pourtant tous les bas-fonds du monde semblent se diriger vers ce sanctuaire puant pour accomplir l’ultime pèlerinage, le seul peut-être capable de redorer leurs vies dégueulasses. L’homme caresse du bout de ses doigts le bouc qu’il porte au menton puis cesse sa contemplation, il a des centaines de questions pratiques à régler avant le grand show. Ses bottes de cuir claquent sur le sol de fer de la passerelle, Olaf avance marche jusqu’à l’une des extrémités du pont et ouvre la porte blindée qui s’y trouve puis passe de l’autre côté. Derrière lui reste ces ombres mourantes alignées qui implorent silencieusement l’arrivée des secours. Nous sommes en 2123, et le monde a du mal à croire en l’espoir. Olaf réajuste ses lunettes de soleil noires tout en enfournant entre ses dents une cigarette ardente. « Où est Yseult ? » Un autre homme, vêtu d’une veste de cuir sombre, lui répond qu’elle est dans sa piaule, qu’on lui a fait venir les plantes il y a une heure. Olaf le remercie, respire quelques bouffées de clope puis file dans une autre pièce. Il faut encore préparer la salle des prédictions, s’assurer que Yseult est dans de bonnes conditions, vérifier que la sécurité dans la grande salle du hangar n’est pas compromise… Mais bon, si on lui a déjà donné les herbes, c’est déjà ça. Elle devrait les avoir digéré dans peu de temps, et on lui en redonnera six heures avant les premières prédictions, comme chaque année, il n’y a pas de raisons que ça foire. Le barbu va la voir, juste au cas où. Faut pas qu’elle en avale trop d’un coup, non plus. Ce serait très con. Après avoir parcouru un dédale d’allées de béton couleur mort arrive-t-il devant la porte de la chambre d’Yseult à laquelle il frappe de trois coups lents et distincts. Un gargouillement confus venu de l’autre côté de la planche de fer et de bois semble lui proposer d’entrer, proposition qu’il écoute et accepte. Dans la chambre se tenait, au centre d’un tapis aux spirales diaboliques rouges et vertes, petite chose fragile et frêle dans sa robe de nuage blanc, des cheveux noirs et secs qui dégoulinaient sur ses épaules diaphanes, légèrement verdâtres comme le reste de sa peau privée du soleil perdu et de la santé inaccessible, la magistrale magicienne Yseult. L’oracle la plus talentueuse connue à ce jour, une jeune créature humaine attendue chaque année par des milliers de personnes désœuvrées qui perdent goût à la vie et manquent de crever si elle ne vient pas leur prophétiser le retour prochain de la lumière et de la beauté du monde. Lentement, en entendant la respiration rauque et en sentant le souffle de la fumée chaude de la clope d’Olaf, Yseult relève doucement la tête. Un orbe vitreux orné d’un lac gris fixe l’homme. Une mèche de cheveux sales cache une paupière close décorée d’une araignée de cicatrices rouges. En dessous, des joues creusées et un nez trop long et trop mince, des lèvres exsangues et une mâchoire tremblotante. La femme tente de prononcer quelques paroles balbutiantes. « P-p… Il en faut p-plus. » Elle réclame toujours plus de cette herbe enchantée, dont elle a tant besoin pour ses prédictions et pour préserver son état mental, démoli par les images nocives qui l’assaillent durant tous ses rêves –aussi bien ceux du jour que ceux de la nuit-, mangée fumée digérée inhalée absorbée qu’est le cannab’. Son interlocuteur fait non de la tête. Il ne faut pas qu’elle abuse de la plante. Le produit coûte cher. Il faut en garder pour le lendemain, pour le début de la cérémonie. Elle ne comprend pas les arguments économiques, forcément. Alors on lui explique qu’une consommation trop forte entraînerait la destruction de son cerveau, et donc sa mort, et avec elle de ses oracles. Pas faux, en plus. Et surtout, ça marche. Elle rabaisse la tête, se recroqueville sur elle-même, fourre son front entre ses genoux qu’elle enserre de ses bras maigrelets. Elle a envie de crever, un peu. Seule l’idée de répandre la vérité la réconforte légèrement. Mais elle souffre, ses tripes se serrent, sa peau se contracte et sa tête fait mal. Ce n’était pas assez pour rejoindre l’état d’euphorie divine qu’elle apprécie tant, en rejoignant la conscience du Créateur ultime. Manque terrible, manque affreux, manque redoutable et fléau. Sa voix gémissante supplie à nouveau Olaf. « Allez, j-juste un peu d’autre… » Aucune réponse. Ses yeux sont fermés, collés aux os de ses cuisses. Elle entend des lourdes bottes qui se dirigent vers la droite, puis vers la gauche, puis vers la droite, et font le tour d’elle, vont vers un meuble. Bruit d’un tiroir qu’on ouvre. Il est refermé. Et de nouveaux les pas qui se déplacent, se rapprochent d’elle. La voix rocailleuse et calme d’Olaf s’agite. « Ca va mieux, ton œil ? Montre-moi, que je le désinfecte. » Il place sa main sous le menton d’Yseult et le soulève malgré elle, déblaie son visage de la masse de cheveux qui le cache. Dans sa main, un coton et une bouteille en plastique d’alcool pur. Quelle triste expression elle lui montre, marque qu’elle n’apprécie pas les privations qu’il lui inflige. Et cette étoile rouge sur la paupière, causée par un jet de pierre il y a quelques jours. Un mouvement athée contre leur groupe. Ils ne comprennent pas, et ne comprendront jamais les intérêts des Protecteurs de l’Oracle, aussi marginaux soient-ils. La jeune femme finit par se laisser faire. [En cours] | |
| | | MAGDA Plume débutante
Nombre de messages : 17 Age : 74 Localisation : là... regarde dans ce petit coin de paradis Loisirs : écriture, lecture, scrap Catégorie (Ecrivain,Poète,Dessinateur,Photographe) : modeste écrivaine Date d'inscription : 12/01/2011
| Sujet: Re: Pitié, piteuse Pythie Ven 28 Jan - 18:31 | |
| Bonjour Mooney je viens de parcourir ton récit, c'est prometteur même si j'apporterai quelques modifications pour faciliter la lecture de certains passages. Bonne continuation Je vais le faire lire à ma petite fille de 15 ans je suis certaine qu'elle va adorer. Magda mon blog écriture avec la Vie d'Enguerrande actuellement en cours : http://quandmagdaecrit.canalblog.com/archives/2011/01/23/20109334.html Bonne fin de journée à tous | |
| | | Lolilola Star des Plumes
Nombre de messages : 2464 Age : 26 Localisation : Dans l'impasse Catégorie (Ecrivain,Poète,Dessinateur,Photographe) : Ecrivain et poète Date d'inscription : 09/01/2008
| Sujet: Re: Pitié, piteuse Pythie Mer 9 Mar - 15:25 | |
| Bon. Comme d'habitude, les idées sont là, les images aussi, le fond et tout. C'est accrocheur, c'est bien, on veut la suite. Mais l'écriture m'a moins emballée que d'habitude. Je détaille.
des centaines de gens, des offrandes précieuses enserrées fermement dans leurs bras pour éviter qu’on ne les leur arrache ou cachées dans des sacs plastiques afin de ne pas être vus des voleurs, le regard perdu, avec des cernes qui creusent les yeux, aux silhouettes courbées, fléchies, tordues, silencieuses, sont déjà là. C'est beaucoup trop long. On perd le fil. Tu devrais mettre les silhouettes avant les regards, on passerait peut-être mieux de l'un à l'autre. Et puis sépare ça en deux phrases.
Des gamines de treize ans aux coudes percés de trous Les manches au niveau des coudes, pas les coudes... Il faudrait changer, ça sonne bizarre.
Mais bon, si on lui a déjà donné les herbes, c’est déjà ça. Répétition de "déjà."
Après avoir parcouru un dédale d’allées de béton couleur mort arrive-t-il Arrive-t-il ? L'inversion verbe sujet, c'est pour les questions.
Un gargouillement confus venu de l’autre côté de la planche de fer et de bois semble lui proposer d’entrer, proposition qu’il écoute et accepte. Cette phrase m'a paru bizarre, compliquée pour pas grand-chose. Surtout la dernière partie en fait. T'as vraiment besoin de ça ?
Dans la chambre se tenait Tu recommences Mooney... Tes fameux problèmes de concordances de temps ^^
A partir de là plus d'action, j'ai trouvé ça mieux et plus coulant. A part ces maladresses c'est franchement très bien, sombre comme d'habitude mais bien dépeint. Dès que tu auras fluidifié ces défauts, ça sera franchement génial. J'espère avoir été constructive.
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| | | Mooney Star des Plumes
Nombre de messages : 2771 Age : 29 Localisation : En train de brûler du Musso devant l'Académie Française Loisirs : Me perdre avec Leïla, interpréter les rêves des gens, deviner les pensées des passants que je croise dans la rue... Catégorie (Ecrivain,Poète,Dessinateur,Photographe) : Ecrivain et Dessinateur Date d'inscription : 22/08/2007
| Sujet: Re: Pitié, piteuse Pythie Dim 20 Mar - 11:45 | |
| Je suis touchée de vos commentaires ; surtout du tien, Loli : à vrai dire, je n'en attendais plus vraiment sur ce texte depuis un bail. J'irais corriger les fautes que tu as pointé. On m'a déjà fait un paquet de réflexions sur la masse de "phrases lourdes", trop alambiquées et pavées d'adjectifs. (On m'a même annoncé que mes adjectifs ne voulaient rien dire... Je suis sceptique, sur ce coup-là). Par contre, je ne sais pas si je vais continuer ce texte. Je le trouve en dessous de ce que j'écris habituellement et de ce que j'aime écrire. Quand j'ai rédigé ce début, je n'étais pas contente de moi et je n'avais pas le plaisir que j'obtiens en temps normal, excepté dans certains paragraphes... Ce texte ne va probablement pas être achevé. Je vais voir. Peut-être que si, si j'ai le temps. - Lolilola a écrit:
- Des gamines de treize ans aux coudes percés de trous
Les manches au niveau des coudes, pas les coudes... Il faudrait changer, ça sonne bizarre. Tu ne connais pas les injections de drogue ? : ) Quand on se shoote avec une seringue, ça laisse des trous. | |
| | | Lolilola Star des Plumes
Nombre de messages : 2464 Age : 26 Localisation : Dans l'impasse Catégorie (Ecrivain,Poète,Dessinateur,Photographe) : Ecrivain et poète Date d'inscription : 09/01/2008
| Sujet: Re: Pitié, piteuse Pythie Dim 20 Mar - 11:50 | |
| Je comprends tout à fait. Garde-le dans un tiroir, tu pourras toujours le ressortir à un moment ! Ah, j'avais pas vu ce sens. On se les injecte dans les coudes, t'es sûre ? Pas les poignets ou les avant-bras ? Je n'y connais rien, excuse moi ^^' | |
| | | LN Plume habituée
Nombre de messages : 528 Age : 31 Catégorie (Ecrivain,Poète,Dessinateur,Photographe) : Et ta soeur, on la catégorise ? Date d'inscription : 10/10/2007
| Sujet: Re: Pitié, piteuse Pythie Mer 1 Juin - 17:57 | |
| Texte qui sonne comme un premier jet qui mérite une relecture.
Un léger problème concordance des temps déjà signalé par Lolilola, une ou deux expressions qui m'ont fait tiquer - "aux coudes percés de trous" (on comprend mais c'est maladroit je trouve) par exemple, ou "cette foule de damnés maudits" (c'est pas un peu redondant ?) "cigarette ardente" (c'est plutôt les brasiers qui sont ardents) "on lui a fait venir les plantes" (je dirais plutôt on lui a apporté) "la grande salle du hangar" (en fait, si il y a plusieurs salles, c'est plus vraiment un hangar) "Elle a envie de crever, un peu" (c'est correct comme formulation, mais un peu... facile ?) "ses yeux sont fermés, collés aux os de ses cuisses" (pareil que les trous dans les coudes. J'ai bugé dessus) "Quelle triste expression elle lui montre, marque qu’elle n’apprécie pas les privations qu’il lui inflige" (phrase trop tarabiscotée) etc..
Mais qui pourrait donner quelque chose d'intéressant parce que tu tiens une ambiance. Mérite d'être revu et continué. | |
| | | Mooney Star des Plumes
Nombre de messages : 2771 Age : 29 Localisation : En train de brûler du Musso devant l'Académie Française Loisirs : Me perdre avec Leïla, interpréter les rêves des gens, deviner les pensées des passants que je croise dans la rue... Catégorie (Ecrivain,Poète,Dessinateur,Photographe) : Ecrivain et Dessinateur Date d'inscription : 22/08/2007
| Sujet: Re: Pitié, piteuse Pythie Mer 1 Juin - 19:42 | |
| Je ne vais pas te contredire LN : je suis d'accord avec tes réflexions (un peu sceptique pour que le coup des cigarettes ardentes, mais on m'a déjà fait la réflexion sur d'autres sites, donc je vais devoir me faire à l'idée que ça ne veut rien dire). Comme je l'ai dit à Loli, je ne compte pas continuer ce texte dans l'immédiat : il va attendre un peu, et je le reprendrai de A à Z quand l'occasion se présentera. L'écriture est trop mal foutue. Tu as l'air d'apprécier l'atmosphère : c'est bon signe... c'est aussi l'une des seules choses que je fais, en ce moment : des atmosphères. J'ai des textes entiers fondés sur des atmosphères. J'aime bien ça (une atmosphère bien faite permet des dizaines de non-dit), mais j'ai peur que ce soit pénible et ennuyeux pour le lecteur. Merci de ton commentaire. : )
Et Loli : je n'ai jamais vu de personne se faire d'injection sous mes yeux, mais il me semble que c'est dans le creux des coudes... On y voit mieux les veines. (C'est sordide, ce que je raconte.) | |
| | | Lolilola Star des Plumes
Nombre de messages : 2464 Age : 26 Localisation : Dans l'impasse Catégorie (Ecrivain,Poète,Dessinateur,Photographe) : Ecrivain et poète Date d'inscription : 09/01/2008
| Sujet: Re: Pitié, piteuse Pythie Jeu 2 Juin - 11:44 | |
| Ah oui, d'accord, mais dans ton texte j'ai eu l'impression que c'était l'extérieur des coudes. Et du coup ça m'a coincée. (Je te suis dans le sordide.) | |
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| Sujet: Re: Pitié, piteuse Pythie | |
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| | | | Pitié, piteuse Pythie | |
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