De l'encre dans les veines
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De l'encre dans les veines

Une plume au bout des doigts, un monde derrière la tête...
 
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 53bis, rue des olives [ Nouvelle, en cours ]

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A. N. O'Nyme
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A. N. O'Nyme


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MessageSujet: 53bis, rue des olives [ Nouvelle, en cours ]   53bis, rue des olives [ Nouvelle, en cours ] EmptyLun 3 Aoû - 14:53

53bis rue des olives


L'immeuble se tenait serré entre les deux tours. Au premier abord, on ne le remarquait pas, coincée qu'il était entre les deux façades. Son manque total d'esthétisme aurait dû appeler l'attention, mais la plupart des gens passant chaque jour devant n'était pas au courant de son existence. Le 53bis n'avait pourtant absolument rien d'ordinaire. Il semblait tout droit sorti des rêves d'une vingtaine d'architectes fous, ne parlant pas la même langue et n'ayant pas pris la peine d'établir des plans. Ce géant, au moins tri-centenaire, était doté d'une variété totalement délirante de formes, d'époques et de décorations, apparemment ajoutées au fil des ans, sans le moindre goût. L'immeuble avait poussé pour la première fois au milieu du dix-septième siècle, construction insalubre de trois étages en pierre taillée. Le perron et les premiers balcons, rénovés au dix-huitième, affichaient des arabesques de fer forgé, bien plus récentes. Les étages suivants en brique rouge avaient été ajoutés au fil du dix-neuvième et vingtième siècles, pour loger les ouvriers de la ville industrielle. Après la reconversion de la cité, du béton s'était chargé des deux derniers étages. Fait étrange, par souci du patrimoine historique, la mairie n'avait jamais fait ravaler cette façade, qui était donc constituée de trois matériaux différents. Une gargouille traînait à un angle de toit, et des encorbellements sculptés ajoutés par on ne sait quel miracle ombrageaient le trottoir. Curieux contraste avec les deux tours de verre et d'acier, poussées en une nuit pour proposer de ravissants clapiers à lapins.
Chaque personne passant devant le 53bis se posait immanquablement cette question : « Pourquoi personne au conseil municipal ne s'est encore arrangé pour le faire raser ? ». La réponse en était simple et pragmatique. Cet immeuble était la propriété d'un riche magnat des affaires, qui gagnait tant qu'il ne se souciait absolument pas de l'argent qui partait par les fenêtres du bâtiment. L'homme y était de plus énormément attaché et n'aurait accepté de vendre pour rien au monde. C'était là que son père, et son grand-père avant lui avaient grandi, et il n'envisageait même pas l'idée de s'en séparer, bien qu'il n'y habitât pas. Ainsi, il payait sans sourciller les factures astronomiques de réparation de chauffe-eau vétuste, d'électricité et les divers travaux de plomberie ou d'isolation, ce qui faisait de ses heureux locataires des gens logés confortablement aux plus bas prix de la ville. Il réglait également le salaire du concierge à chaque fin de mois, puisque formellement opposé à l'emploi d'une serrure à code.
C'est ainsi que John Rackam, qui n'avait rien à voir avec un quelconque pirate, s'était retrouvé à surveiller les allées et venues des occupants. Son métier en voie d'extinction avait été une aubaine inespérée, et il remplissait scrupuleusement ses fonctions, hanté par la crainte de le perdre. Il consignait soigneusement les mouvements de chaque habitant, et avait pris au fil des mois l'habitude de les observer, tel un entomologiste patient. Il avait développé un hobby de vieil original, à conserver ce qu'il savait de chacun dans un cahier relier. Un passe-temps idiot, mais au vu du peu de travail qui lui incombait, c'était son dernier moyen de ne pas mourir d'ennui. Il observait patiemment, décortiquant la psychologie de chacun plus sûrement qu'un spécialiste. Pour lui, l'atroce façade du 53bis n'était qu'un pâle reflet du fouillis d'individus particulièrement originaux qui régnait à l'intérieur. Il se prenait presque pour Dieu, à force d'analyser et de disséquer les relations qui régnaient dans l'immeuble, parfois de les provoquer. Il y avait par exemple Thomas Wellinger, du cinquième. Une petite trentaine, célibataire, il n'amenait que peu d'amis ou conquêtes d'un soir chez lui. Cet inspecteur de la criminelle semblait usé par son travail, mais il continuait à monter chaque matin sur sa moto, pour aller travailler, si on ne l'avait pas déjà appelé en pleine nuit. C'était un type honnête, qui évitait toutes les histoires louches du quartier, et ses seuls travers étaient la cigarette et une transformation en anarchiste vêtu de cuir et métal, le jeudi soir. Le grand garçon blond se montrait sympathiquement distant, un salut espiègle tous les matins, et un don de cigarette à l'occasion. Le concierge acceptait, reconnaissant, avec un sourire distrait, attendant le reste du défilé. Deux minutes après sortait la jeune fille du septième, une discrète étudiante en journalisme, vingt-cinq ans à tout casser. Il ne connaissait même pas son nom, enfin si, un truc polonais imprononçable, mais elle s'arrêtait toujours quelques minutes pour discuter à son retour, tard le soir. Une gamine bien courageuse, pensait-il devant les cernes dissimulés sous une frange châtain. Il savait qu'elle travaillait dur pour son diplôme, et était indigné de l'exploitation que lui faisait subir le fast-food du coin. Il n'avait jamais vu d'amis la raccompagner, elle ne sortait pas, et lui tentait discrètement de remédier à ce vide affectif. C'est ainsi qu'il retenait parfois Thomas jusqu'à son arrivée, utilisant des prétextes presque crédibles. Depuis quelques semaines, cette tactique modeste semblait porter ses fruits, puisqu'il les voyait à présent quitter l'immeuble tôt le dimanche matin, pour partir ensemble sur la bécane de Wellinger. Ils ne revenaient que tard le soir, et John avait vu graduellement leurs sourires se multiplier les autres jours. Une petite victoire pour le quinquagénaire, ravi de ce bonheur qu'il sentait chez eux et qu'il avait un peu aidé.
Un quart d'heure plus tard, Marc Meunier, du quatrième, traînait ses Doc Martens dans le hall, musique à fond sur les oreilles. Il était annoncé chaque matin par le claquement de porte qui résonnait dans l'escalier, et régulièrement par les cris étouffés de ses parents. Un lycéen en rébellion contre l'autorité, faisant le désespoir du couple de cadres. Rackam le trouvait surtout très seul, et il semblait cacher une grande tristesse sous ses airs de dur. Nul ne parvenait à l'apprivoiser, jusqu'au jour où le concierge lui demanda de porter ses courses à Sandy Hormes, la vieille fille du second. La sexagénaire ne sortait jamais de chez elle, hormis pour sa visite mensuelle au magasin de musique. Un épicier déposait les courses qu'elle faisait par Internet à la loge du concierge, qui se chargeait de les monter pour s'assurer que l'originale était toujours en vie. Marc assumait désormais cette tâche, avec plaisir semblait-il. Dès la sortie des cours, il semait des amis peu recommandables et montait chez Sandy, pour qui il s'était pris d'affection. En échange de ces menus services, la vieille femme lui donnait des cours de piano, et le gardien suivait à l'oreille les progrès du jeune homme. Il avait un jour assisté à l'une de ces leçons sur le superbe Steinway quart-de-queue. C'était peut-être l'unique occasion qu'il avait eu de voir un Marc volubile, attentif et souriant. Miss Hormes avait été une concertiste célèbre, et aujourd'hui, elle régalait chaque jour John de ses brillantes interprétations. Les accords qui traversaient les murs mal isolés faisaient passer les heures d'ennui, et le gardien lui avait quelques fois signifié sa reconnaissance. Bach, Chopin et Mozart rythmaient ses journées trop longues, tandis que le défilé des énergumènes continuait.


***


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Mooney
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MessageSujet: Re: 53bis, rue des olives [ Nouvelle, en cours ]   53bis, rue des olives [ Nouvelle, en cours ] EmptyLun 3 Aoû - 15:05

C'est merdique. *SBAF*

Tiens, c'est marrant, j'ai fini l'Élégance du Hérisson cette nuit. Même si cela ne se passe absolument pas dans le même milieu, dans le même environnement, les mêmes caractères, ton texte m'a rappelé ce livre...
Alors, concrètement : je n'ai rien à dire, Orwy. Rien de positif, rien de négatif. Bordel, Orwy, il n'y a pas grand chose. Je ne peux pas vraiment juger en profondeur ton texte si je n'ai que ça, ma chewie. C'est toujours très bien écrit, bien décrit, on comprend bien les caractères des différents personnages, surtout celui du concierge. Mais après, tant que l'on a pas la suite, dur dur de dire quelque chose d'autre, ma chewie.
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MessageSujet: Re: 53bis, rue des olives [ Nouvelle, en cours ]   53bis, rue des olives [ Nouvelle, en cours ] EmptyLun 3 Aoû - 15:15

Je comprends.
C'est vrai qu'il n'y a pas vraiment d'action au programme, rien que la description d'un environnement. Juste une envie de décrire, de rester calme, pas de mort ou de désespoir au tableau. Il y a bien une chute qui se profile, mais rien de réellement palpitant. Je vais essayer d'introduire un peu d'action sur la suite, mais je ne promets rien.
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MessageSujet: Re: 53bis, rue des olives [ Nouvelle, en cours ]   53bis, rue des olives [ Nouvelle, en cours ] EmptyLun 3 Aoû - 15:18

Okidoki, ma chewie. Razz J'attends la suite.
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MessageSujet: Re: 53bis, rue des olives [ Nouvelle, en cours ]   53bis, rue des olives [ Nouvelle, en cours ] EmptyLun 3 Aoû - 16:00

* Tu m'autorises à te parler même si j'suis au MoNut ?*


Ouais, c'est ça, en fait. C'est juste une description donc il n'y pas grand chose à commenter. C'est fluide, accrocheur, ça se lit bien mais j'ai de loin préféré "Ceux qui rêvent en mi mineur". Fin, j'adore ton style qui parait simple en apparence. C'est un début de nouvelle très agréable à lire. D'un côté, ça me fait penser à Amélie Poulain
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MessageSujet: Re: 53bis, rue des olives [ Nouvelle, en cours ]   53bis, rue des olives [ Nouvelle, en cours ] EmptyMer 26 Aoû - 18:51

Personnellement, j'aime beaucoup ce texte sans action pourtant intéressant qui me fait moi aussi penser à Amélie Poulain. C'est inhabituel sur le forum mais très agréable à lire, très fluide. Quelques répétitions, quelques incohérences ou phrases mal formulées subsistent cependant. Quand tu dis que le 53bis est doté "de formes, d'époques et de décorations", les époques sonnent étrangement par rapport au verbe. Et comment les passants pourraient-ils se demander pourquoi l'immeuble est encore là s'ils n'y font habituellement pas attention ? Mis à part ces petits détails, dont quelques relectures viendront facilement à bout, j'ai beaucoup apprécié ce début de nouvelle. Sûr qu'il n'y a pas grand-chose ou que je ne bave devant comme à mon habitude, mais c'est simple, agréable. Une lecture idéale pour se détendre.
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