Il est parti

Il est parti

Il est parti. Elle, elle est restée. Elle, elle a pleuré. Mais lui, il est parti. Loin. Rien ne l’a arrêté, ni les sanglots, ni les « Ne me quitte pas, sinon je mourrais ! » plein de détresse, ni quoi que ce soit d’autre... Il ne s’est même pas retourné, s’est contenté de la laisser… La laisser seule, figée sur place, pétrifiée d’une horreur si grande que ses larmes ne coulaient même pas. Les jours qui suivirent se passèrent dans une attente désespérée. Elle était comme un automate, les yeux vides, les gestes mécaniques. Elle sentait un grand vide au fond d’elle sans savoir par quoi il était causé, elle n’arrivait pas à réaliser… C’était trop dur… Elle attendait toujours qu’il revienne. « Ne me quitte pas, sinon je mourrais ! »
Elle n’est pas morte. Mais elle n’a plus d’âme, plus de sentiments, il les a
pris sous son bras en partant. Car il est parti…

Il lui arrive, quand elle ferme les yeux, de se rappeler. Douloureux souvenirs… Une voix grave, douce, caressante, mais si lointaine…Cette main qu’elle avait si souvent tenue aujourd’hui rigide, froide, décharnée. « Il faut que je m’en aille. » Voix impassible qui claque dans le silence. Les première larmes ne vinrent pas tout de suite, assimiler la nouvelle prit plusieurs minutes. Son cœur se dégonfla comme un ballon de baudruche qui n’avait flotté dans le ciel que trois ans… Cela peut paraître beaucoup et pourtant, pourtant… Serrer les dents, ne pas
pleurer, être courageux… Mais est-ce du courage que de retenir ses larmes ? Est-ce du courage que de se laisser se noyer de l’intérieur ? « Ce jour devait arriver, j’ai vécu de bons moments avec toi et c’est mieux que rien… Il te
restera des souvenirs, conserve-les précieusement, mais il faut que je m’en aille. » Elle aurait voulu se suspendre à son cou pour le retenir, l’embrasser une dernière fois, l’embrasser jusqu’à ne plus avoir de souffle et alors l’embrasser encore, mourir accrochée à ses lèvres… Mais quelque chose, une sorte de dignité, de rage et de mépris contre celui qui osait la quittait, l’empêcha de le faire. Comme elle le regrettait à présent ! « Il te restera des souvenirs » avait-il dit. Et effectivement, il lui en reste, il lui en reste tant !

Souvenirs des orages qui les surprenaient en forêt, de leurs corps serrés pour se tenir chaud. Souvenirs des nuits étoilées pendant lesquelles il lui disait des poèmes de Victor Hugo, de Rimbaud ou de Baudelaire… Souvenirs des morceaux de musique à la guitare et d’elle qui l’accompagnait en chantant. Souvenirs des baisers collants après avoir mangés des marshmallows grillés sur le feu. Souvenirs de quelques colères, de quelques cris et de quelques disputes qui se finissaient en éclats de rires. Souvenirs de leurs doigts qui se mélangeaient, de leurs lèvres qui s’effleuraient.

« Ne me quitte pas, sinon je mourrais ! » Ne jamais faire de promesses que l’on ne peut pas tenir. Elle avait déjà pris le couteau, mais renoncé… Renoncé comme ça, sans savoir pourquoi. Peut-être était-elle trop lâche pour affronter la mort… Ou assez courageuse pour affronter la vie, qui sait ? Après tout, vivre pendant des années peut être plus douloureux que mettre fin à ses jours, ressentir la douleur d’une lame dans sa peau pendant quelques secondes… Qui
sait quel chagrin nous réserve la vie ? Non, il faut du courage pour vivre, bien plus que pour mourir. Et il en faut encore plus pour lutter…
Lutter, un acte au-dessus de ses forces « La
tristesse, c’est mauvais, tu la gardes au fond de toi et ça devient un poison… Ca te ronge ! » avait-il dit, bien avant de s’en aller, alors qu’elle souriait plus qu’elle ne pleurait. Sur le coup, elle n’avait pas fait attention à sa remarque, la tristesse ne pouvait pas la toucher… Mais maintenant, maintenant, ces paroles remontaient comme une vague.Oui, la tristesse l’avait rongé, rongé son bonheur et ses forces…

Ca s’était passé en automne. Ils se baladaient sous la voûtes des arbres multicolores, main dans la main. « Regarde… Tu vois, ça ? Ce sont des feuilles mortes. » Elle se demandait pourquoi il avait l’air si grave, le dévisageant sans comprendre… Oui, il y avait beaucoup de choses qu’elle n’avait pas compris, beaucoup de choses qui lui avait échappé. Lui, il avait pris une feuille entre ses doigts. Et il s’était mis à lui parler. Mais elle écoutait à peine la fin de son
discours. Seule une chose comptait à ses yeux : il allait la quitter. La quitter… Elle avait eu l’impression de tomber dans un vide sans fin et le temps qu’elle en sorte, qu’elle ose lever la tête, il était à l’autre bout du sentier. Il avait toujours la feuille dans ses mains. « Ce sont des feuilles mortes. » La dernière fois qu’elle l’avait vu, cette feuille, elle était encore là, sur sa table de chevet. Comme un message. « Ne me quitte pas, sinon je
mourrais ! » Il était pâle. Main froide, décharnée. Voix douce, caressante… Des mots tourbillonnaient dans sa tête. « Ce sont des feuilles mortes… »
Mortes. Morts. Mort…

Il est parti.

N'oublie pas l'annuaire la prochaine fois

Et vérifie l'orthographe, je n'ai lu que la première phrase mais il y a déjà une faute hihi

Argh ! Je me suis répétée : l'annuaire, l'annuaire, l'annuaire... Et j'ai oublié ! C'est pas vrai... Pour l'orthographe, je vais me relire de ce pas^^