Banalités

Banalités

Et toi ! Oui, toi, là, qui es en train de lire ! Je sais très bien ce que tu fais ! Tu lis cette… chose car tu t’ennuies ? Tu veux un truc intéressant, pas vrai ? Hein, c’est ça ? Bon, tu veux que je te donne un conseil ? Bah, de toute façon, même si tu veux pas, je le ferais quand même : arrête tout de suite de lire ! Si tu cherche un truc palpitant, bien évidemment, car si tu veux juste t’endormir, pratique, ce truc est tellement… banal qu’il te feras ronfler dès les premières lignes ! Quoi ? Tu veux lire la suite ? T’en es bien sûr ? Sûr de sûr de sûr ? Nan parce que franchement… C’est trop banal, quoi ! T’es sûr alors ? Tu veux vraiment lire la suite ? Bah, après tout, si t’as besoin d’un somnifère, pourquoi pas !

Je suis une fille banale. J’ai un physique banal, une famille banale, des amis banals, un collège banal, et des banalités banales. J’ai les cheveux châtains, entre le clair et le foncé, super original, non ? Mes yeux sont d’un marron si commun que ça me fait peur. Un bon mètre 60, taille tout à fait banale au passage. Mes seins ? Quasi inexistants. Mais pas totalement inexistants, hein ?!? Juste banals. Contrairement à Andrea. Cella là, elle a rien de banal. Tout de sublime. Tout, je vous dis, tout ! Bref. Où j’en étais, déjà, avec toutes ces bêtises ? Ah, oui. Donc, moi, au physique plus que banal, dans un collège banal, dans une ville banale, … Ma vie n’a STRICTEMENT RIEN d’original ! Tu dors pas, dis ? Suis sûre que oui. M’étonnerais pas que tu en ais déjà marre. Non ? T’es sûr ? Vraiment ? Bon, ok, lis la suite, si tu ne dors toujours pas !

Mes parents aussi sont tout ce qu’il y a de plus banal. Pas compréhensifs, soûlants et tout, des vrais parents avec une vraie ado, quoi ! Quant à mon copain… Difficile de faire pire que moi, mais dans la catégorie banalité aigue, il est quand même bien classé ! Ma copie conforme, version mâle. Le collège, maintenant. Dis, tu vas au collège ? Ou tu y es déjà allé ? Tu vois, c’est bien nul et tout ? Je suis sûre que tu t’ennuyais trop et tout. Mais suis aussi sûre que tu ne t’es jamais autant ennuyée que moi. Impossible, j’te dis ! Cantine dégeue, profs soûlants comme pas possible, et, bien sur, les « classes sociales ». Pas les classes scolaires, non, les classes sociales. Je suis sûre que tu vois ce que c’est. Tu te rappelles ? Les branchés, les ringards. Ah, oui, ça te dit quelqu’un chose, hein ?!? Bah moi, comme tu peux t’en douter, chuis dans la catégorie ringards. Tu vois, ils sont déjà vachement sélectifs et tout, mais alors avec une ringarde banale comme moi… Même mes prétendus compatriotes, les autre chtarbés, ne veulent pas de moi. C’est dire ! Eh, mais dis donc, t’en insomniaque ou quoi ?!? Attends, tu vas voir, on va attaquer la partie la plus soporifique… Le cours de maths ! J’entends déjà tes cris d’agonie… Mais nan, j’plaisante ! J’voudrais pas que mes pauvres lecteurs insomniaques dorment ! Alors, on va passer à la vitesse supérieure, oublier le cours de maths, et aller directement à la sortie des cours. Je rentrais chez moi. Bah oui, où voulais tu que j’aille, un vendredi après-midi après els cours ? CHEZ UNE AMIE ???? N’en mais t’es pas un peu fou dans ta tête, toi ?!? Tu crois franchement que quelqu’un prendrait la peine d’inviter une banale comme moi ?!? Ouais, je sais c’est nul, et « il faut regarder avant tout la beauté intérieure. Elle seule compte. La banalité n’a rien avoir là dedans. ». Nan mais franchement, t’y crois, toi ? Parce que moi, ça fait longtemps que je crois plus au Père Noël ! On était en juin, tu vois ? Genre la saison où il fait beau, quoi ! Sauf que là, il faisait plus beau, alors qu’il y a deux secondes, le soleil me cramait la nuque. J’étais juste à côté de chez moi, genre deux rues avant. Et ben, tu me croiras ou pas, mais une voiture noire s’est arrêtée juste à côté de moi. Tu vois la scène ? Il se mets à pleuvoir, un ou deux coups de tonnerre retentissent, il fait super sombre, et une voiture noire s’arrête juste à ma gauche. Et ben, y a un frisson qui ma parcouru l’échine, il y a très peu brûlée par le soleil, mais à présent glacée de peur. Nan, j’te jure, j’ai pas abusé de films d’horreur ! Mais c’était vachement flippant. Tu me comprends ? Pis la vitre s’est baissée. Lentement. Et là… AAAAAAHHHHHHHHH !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Ha ha ha ha ! Trop drôle ! Dommage que je ne puisse pas voir ta tête, je suis sûre qu’elle est excellente ! Ce n’est que ma mère… Elle me dit de monter à l’arrière. Ce que je fais. J’attache ma ceinture, elle remonte la vitre. Alors, je me rends compte que, même s’il s’est mit à pleuvoir, je ne suis qu’à deux pas de chez moi. Pas besoin donc de me ramener en voiture ! Trop tard…
« -Effectivement. Trop tard. » Dit ma mère d’une voix un peu bizarre.
Euh… Ok, maman, je savais pas que tu savais lire dans les pensées, mais c’est pas grave !
Et la voiture partit en trombe. Bien au dessus de la limitation de vitesse. Et à l’opposé de chez moi.
« -On ne va pas chez toi, c’est normal. » La voix de ma mère était de plus en plus bizarre.
Et voilà, encore le truc de « télépathise » !
« -Disons que je te comprends mieux que ta mère… » Ouah. Alors ça, franchement, ça fait un choc. Hé, ho ! Je sais pas si t’étais au courant, mais t’es ma mère !
« -Pas vraiment. »
Ca devient soûlant. Et attends, j’ai bien entendue ? Vous êtes qui, si vous êtes pas ma mère ?
« -Ah, changement de pronom, enfin un peu de respect ! ».
C’est ça, oui, comme si j’allais te respecter !
« -Les Humains… Tellement… Débiles ! »
Hé ! Mais nan, chuis pas débile, juste banale ! Un peu de respect, tout de même !
« -Et si prévisibles ! »
Euh… Je crois mon cerveau a un petit bug. Les humains ? Pourquoi est-ce qu’elle dit ça, cette peau de vache ?
« -Peau de vache ! Alors ça, c’est un peu fort, jeune fille ! »
C’est un peu fort. Ok.
« -COMMENT CA, C’EST UN PEU FORT ? C’EST VOUS QUI DERAILLIEZ ? J’Y PEUX QUOI, MOI ? »
Et voilà. Pétage de plombs.
« -Tu veux bien arrêter de crier ? Mes oreilles sont très sensibles aux bruits, te, à vrai dire, je préfère les discutions télépathiques ! »
Les discutions télépathiques. Mais bien sûr. Et puis quoi, encore ?!?
« -On est bientôt arrivé, ne t’inquiète pas, ce ne sera plus très long… »
Que je ne m’inquiète pas. Mais non, voyons, pourquoi m’inquièterais-je? Je viens juste de me faire enlever par… par un je ne sais quoi qui a l’apparence de ma mère, mais qui me soutient qu’elle ne l’est pas, et qui m’emmène je ne sais où pour faire je ne sais quoi ! Mais à par ça, pourquoi je m’inquièterais ?
« -Sans commentaire ».
Et en plus, elle se moque de moi !
« -Tais-toi ! »
Mais je parle même pas !
« -Oui, alors arrête de penser ! On va passer par un chemin un peu compliqué… Et, si tu tiens à être entière pour les tests, je te conseille de me laisser me concentrer ! »
Les tests ? Quels tests ? C’est quoi encore cette arnaque ?
« -TAIS-TOI ! »
Bon bon, ok !



« On est arrivé. Prête ? »
A quoi, hé banane ?!?
« -Original. Ca fait longtemps que j’exerce ce métier, et je n’avais jamais entendu cette expression ! »



Une soucoupe volante. Des extraterrestres. Un peu bizarre, non ? Je trouve aussi. Je veux même pas essayer de décrire. Trop compliqué. J'ai fait le tour des trucs importants, non? Non. Je sais ce que sont ces fameux tests. Des tests sur l’homme. Des tests sur la composition de l’homme. Génial, non ?!? Le truc, c’est que c’est moi le cobaye. Une mort pas banale !